Milan – Sur la révolte au sein du CRA de Via Corelli
Publié sur Hurriya
Le CRA de Milan vient de réouvrir, et il se retrouve déjà avec une belle révolte
Les visages du maire Sala et du questeur Bracco n’ont pas dû bien paraître lorsque, lundi matin, perdus dans des maux de tête entre une épidémie de Covid et une autre, ils ont été accueillis par la nouvelle d’une révolte beaucoup plus inquiétante qui a éclaté dans le tout nouveau CRA de Via Corelli.
D’après ce que nous ont appris les journaux, en fait, de dimanche soir à hier après-midi, une trentaine de détenus ont déclenché une révolte en vidant les extincteurs, en endommageant la structure et en grimpant sur les toits. Certains ont même tenté de s’échapper et certains semblent avoir réussi à perdre leurs traces, tandis que quatre migrants ont été blessés par la police qui s’est précipitée en force.
Dans les jours qui ont suivi, on a appris que 27 détenus avaient été rapatriés. Parmi eux, de nombreux participants au soulèvement
Dès que la nouvelle a été connue, un petit groupe d’ennemis des frontières a également tenté de rejoindre le centre hyper-militarisé pour apporter leur solidarité aux prisonniers. Tandis qu’une partie du groupe de solidarité se rassemblait dans la garnison près du centre, bloquant la circulation sur la Via Corelli et dribblant les tentatives maladroites de Digos pour enlever la banderole, d’autres personnes aux capacités acrobatiques et vocales non indifférentes essayaient de se faire entendre des détenus en criaient fort depuis le viaduc du périphérique. Entre-temps, certains ont atteint les champs qui bordent le CRA, confirmant que les cris du périphérique étaient forts et clairs.
Vers le soir, une bruyante cortège improvisée parcourt les rues adjacentes à la gare de Lambrate pour raconter avec un mégaphone, une banderole et des sifflets ce qui se passe dans le centre voisin.
Mais au-delà de la chronique, une brève réflexion est nécessaire. Quinze jours seulement se sont écoulés depuis la réouverture du CRA à Milan et déjà la première révolte des prisonniers a eu lieu. Deux semaines ont suffi pour rappeler, si besoin était encore, qu’en dépit des décrets de sécurité, le durcissement des peines, les enquêtes et les arrestations, les émeutes et les évasions restent les armes les plus tranchantes dont disposent les harraga pour se réapproprier une part de liberté.
Pendant toutes ces années, celui qui était au pouvoir a dû faire face à l’impossibilité de combiner une façade hypocritement accueillante avec la gestion manu militari de ces centres. La ville de Milan en témoigne, avec un CRA fermé il y a des années grâce à la détermination de ceux qui l’ont détruit morceau par morceau, et qui se trouve aujourd’hui encore dans le sillon de la même histoire qui semblait avoir été oubliée.
Toujours du côté des rebelles et contre toutes les galères
Ennemis des frontières