APPEL À L’ACTION, AUX CÔTÉS DE CELLEUX QUI RESISTENT AU LIBYE. RÉFUGIÉ.E.S EN LIBYE : MANIFESTE POLITIQUE

APPEL À L’ACTION, AUX CÔTÉS DE CELLEUX QUI RESISTENT AU LIBYE. RÉFUGIÉ.E.S EN LIBYE : MANIFESTE POLITIQUE

1 décembre 2021 Non Par passamontagna

APPEL À L’ACTION, AUX CÔTÉS DE CELLEUX QUI RESISTENT AU LIBYE
Depuis le 1er octobre, plus de 300 femmes et plusieurs milliers d’hommes résistent dans un rassemblement permanent devant le siège du HCR à Tripoli.
Certains se sont échappés des camps libyens, d’autres ont échappé à la capture et ont décidé de ne plus se cacher : l’espoir d’un salut individuel de cet enfer a laissé place à une “lutte collective à mort”.
Leur demande est l’évacuation immédiate de la Libye vers des pays sûrs pour tous, quel que soit le statut migratoire.
Les autorités italiennes, l’UE et le HCR lui-même ne se contentent pas de fermer les yeux, mais travaillent sans relâche pour aggraver leur position : d’une part, l’État italien et l’UE ont encore augmenté leur financement des tortionnaires libyens, qui ont assassiné des dizaines de personnes dans cette garnison, tandis que le HCR a demandé à deux reprises leur expulsion immédiate.
Qu’avons-nous fait au cours des 60 derniers jours pour soutenir cette résistance courageuse ?
De quelle manière avons-nous décidé d’échapper, ou non, à la complicité avec ces institutions meurtrières ?
Nous ressentons l’urgence de mettre en place au plus vite des actions concrètes et déterminées de pression et de solidarité active avec cette lutte, qui concerne tous ceux qui aspirent à la liberté.
Dans les semaines à venir… stateve accuort!

ÉVACUATION IMMÉDIATE DE LA LIBYE.
PLUS JAMAIS FINANCEMENT POUR LES LAGERS !
FREEDOM, HURRIYA, LIBERTÉ

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RÉFUGIÉ.E.S EN LIBYE : MANIFESTE POLITIQUE

Nous sommes des réfugiés vivant en Libye.
Nous venons du Sud-Soudan, de Sierra Leone, du Tchad, de l’Ouganda, du Congo, du Rwanda, du Burundi, de la Somalie, de l’Érythrée, de l’Éthiopie et du Soudan. Nous fuyons la guerre civile, les persécutions, le changement climatique et la pauvreté en retournant dans nos pays d’origine. Nous avons tous été poussé.E.s par des circonstances qui dépassent l’endurance humaine.

Nous voulions rejoindre l’Europe, à la recherche d’une seconde chance pour nos vies, alors nous sommes arrivées en Libye. Ici, nous sommes devenu.e.s la main-d’œuvre cachée de l’économie libyenne : nous posons des briques et construisons des maisons libyennes, réparons et lavons des voitures libyennes, cultivons et plantons des fruits et légumes pour les agriculteurs et les cantines libyens, montons des satellites sur des toits élevés, installons des écrans, etc.
Apparemment, cela ne suffit pas aux autorités libyennes. Nos effectifs ne sont pas suffisants. Ils veulent le contrôle total de nos corps et de notre dignité. Ce que nous avons trouvé à notre arrivée était un cauchemar de torture, de viol, d’extorsion, de détention arbitraire.
Nous avons été soumis à toutes les violations possibles et inimaginables des droits de l’homme.

Nous avons été interceptés de force en mer par les soi-disant garde-côtes libyens – financés par les autorités italiennes et européennes – puis ramenés dans des prisons et des camps de concentration inhumains. Certains d’entre nous ont dû répéter ce cycle d’humiliation deux, trois, cinq,
jusqu’à dix fois. Nous avons essayé d’élever nos voix et de diffuser nos histoires.
Nous les avons racontées aux institutions, aux hommes politiques, aux journalistes mais, à part quelques rares personnes intéressées, nos histoires sont restées lettre morte.

Nous avons été délibérément réduits au silence et nous avons décidé de rompre ce silence.

Depuis le 1er octobre 2021, jour où la police et les forces militaires libyennes sont entrées dans nos maisons du quartier de Gargaresh et ont mené une répression impitoyable et des raids massifs contre nous, des milliers de personnes ont été arrêtées arbitrairement et détenues dans des camps de concentration inhumains. Le lendemain, nous sommes venues à titre individuel et nous nous sommes rassemblés au siège du HCR. C’est là que nous avons réalisé que nous n’avions pas d’autre choix que de commencer à nous organiser. Nous avons élevé notre voix et celle des réfugiés qui ont été constamment réduits au silence.
Nous ne pouvons pas continuer à nous taire alors que personne ne nous défend et ne défend nos vies. Nous sommes maintenant ici pour revendiquer nos droits et chercher une protection dans des pays sûrs.

Nous sommes donc maintenant fermement exigeants avec nos voix :

Evacuations vers des terres sûres où nos droits peuvent être protégés et respectés.
Justice et égalité pour les réfugiés et les demandeurs d’asile enregistrés auprès du HCR en Libye.
La suppression du financement des garde-côtes libyens qui interceptent constamment et violemment les personnes fuyant l’enfer libyen et les amènent en Libye où elles sont victimes de toutes sortes d’atrocités.
La fermeture de tous les centres de détention en Libye, qui sont entièrement financés par les autorités italiennes et européennes.
Que les autorités traduisent en justice les auteurs qui ont tiré et tué nos frères et sœurs à l’intérieur et à l’extérieur des centres de détention.
Que les autorités libyennes mettent fin à la détention arbitraire de personnes au bureau du HCR.
Obliger la Libye à signer et à ratifier la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés.

FREEDOM,, HURRIYA, LIBERTÉ !

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Lybia-Manifesto-ITA