NOUVELLES DEPUIS LE CRA (CPR) DE CALTANISSETTA, ITALIE

NOUVELLES DEPUIS LE CRA (CPR) DE CALTANISSETTA, ITALIE

16 août 2022 Non Par passamontagna

nous recevons et diffusons

Un matin d’août, quelques solidaires se sont retrouvés devant la porte de Pian del Lago, à Caltanissetta, où la guerre du régime frontalier bat son plein.
Pian del Lago, une ancienne base militaire transformée en CPT (ancienne manière d’apeller le Cpr) en 1998, est désormais un centre logistique clé où les migrants sont rendus exploitables et expulsables. Le bureau de l’immigration, le centre pour les demandeurs d’asile et le centre de détention le plus strict, le Centre de Permanence pour le Rapatriement (CPR/CRA), sont situés ici. L’absence de soins médicaux – à l’exception des médicaments psychopharmaceutiques -, les vols continus de déportation qui se succèdent sans aucune possibilité d’évasion légale, la chaleur dévastatrice dans des pièces sans ventilation, dans un lieu au milieu d’une Sicile encore plus en feu pour la catastrophe écologique, rendent l’enfermement encore plus inhumain.
Au cours des derniers mois, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans les blocs du CPR, durement réprimées par la police et les carabiniers qui sont basés dans le camp. Fin juin, lors d’une énième tentative d’émeute, une personne est tombée du toit et la police a laissé passer un temps meurtrier avant qu’une ambulance puisse être appelée. Fin juillet, un incendie a été allumé dans un des blocs du centre par ceux qui préféraient risquer d’être brûlés vifs plutôt que d’être enfermés dans un endroit pire que la prison – disent ceux qui ont été dans les deux – ou d’être expulsés. Chaque semaine, des vols quittent la Sicile pour la Tunisie et l’Égypte, remplis de personnes détenues dans les CPR du sud de l’Italie.
C’est aussi pour cette raison que l’on a tenté de bloquer concrètement la machine à expulser en exprimant une solidarité active avec ceux et celles qui résistent dans l’isolement raciste de ce lager.
Si celleux qui ont essayé de franchir le portail pour aller travailler à l’intérieur du centre se sont pour une fois sentis très mal à l’aise, les femmes et les hommes racisés qui attendaient l’ouverture du bureau de l’immigration se sont au contraire sentis réconfortés par la présence de ceux qui dénonçaient les formes de violence cruelle, de chantage permanent et de racisme avec lesquels l’État rend leur vie invivable. En discutant avec d’autres migrants qui vivent dans le centre pour demandeurs d’asile, les conditions de négligence et de misère dans lesquelles ils sont laissés dans la “réception” sont apparues. Bien qu’ils ne soient pas au courant de l’existence d’une prison à côté de leurs dortoirs – le CPR-, ils ont raconté les cris et les coups que l’on peut entendre de là, où la haute clôture isole les blocs où sont emprisonnés ceux qui sont privés de documents.
Grâce à la présence des copain.E.s, le bus dans lequel les déportés sont normalement conduits à l’aéroport a été bloqué pendant deux heures à l’intérieur du centre.
Comparée à l’impression militaire du dispositif de répression et de déportation, cette matinée de lutte était bien peu de chose. Néanmoins, cela nous montre l’importance de continuer à penser que la guerre contre ceux qui veulent quitter les lieux où l’Europe démocratique s’est construite – et continue de le faire – en torturant, violant et massacrant, peut être arrêtée.

Brick by brick, wall by wall, we will make the European Fortress fall!
Brique par brique, mur par mur, nous ferons tomber la forteresse européenne !