Plus de répression à la frontière entre le Maroc et l’Espagne. Après des dizaines de morts, maintenant des peines pour ceux qui ont essayé de traverser la frontière en masse

Plus de répression à la frontière entre le Maroc et l’Espagne. Après des dizaines de morts, maintenant des peines pour ceux qui ont essayé de traverser la frontière en masse

19 août 2022 Non Par passamontagna

Un groupe de 13 migrants, qui avait tenté de pénétrer dans l’enclave espagnole de Melilla le 24 juin, a été condamné mercredi à deux ans et demi de prison par un tribunal marocain. L’avocat des accusés n’a pas été en mesure de préciser la nature des charges.
Le 19 juillet, 33 autres migrants avaient déjà été condamnés.

Ils espéraient une vie meilleure en Espagne. Treize migrants africains qui ont tenté de pénétrer dans l’enclave espagnole de Melilla ont été condamnés mercredi 17 août par un tribunal marocain à deux ans et demi de prison, selon leur avocat Khalid Ameza.

Ce dernier, interrogé par l’AFP, n’a pas été en mesure de préciser la nature des accusations portées contre ses clients.

L’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) a réagi en déclarant que “ces peines sont très sévères à l’encontre de demandeurs d’asile qui ne sont venus au Maroc que pour échapper à la guerre et aux persécutions”, ajoutant que ces personnes sont originaires du Soudan, du Sud-Soudan et du Tchad.

Les condamnés ont comparu devant la chambre criminelle de première instance du tribunal de Nador, une ville marocaine limitrophe de l’enclave située dans le nord du Maroc. Ils ont l’intention de faire appel.

Ils faisaient partie des 2 000 exilés qui, le 24 juin, ont tenté de pénétrer de force dans la ville espagnole, seule frontière terrestre de l’Union européenne (UE) en Afrique, avec Ceuta. La tragédie a entraîné la mort de 23 migrants, selon les autorités marocaines – 27, selon l’AMDH.

Des images amateurs tournées ce jour-là ont montré des tas de corps inertes gisant sur le sol, les visages des migrants en souffrance et les coups de matraque infligés par les forces de sécurité marocaines aux hommes déjà à terre.

Quelques heures après les événements, l’ONU et l’Espagne ont demandé une enquête indépendante. Les mêmes qui financent la police marocaine….

Suite à cette tragédie, le Maroc a lancé une mission d’enquête. Dirigée par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH), elle a conclu que les 23 victimes sont mortes par asphyxie. Une fois l’enquête terminée, le Maroc s’est empressé de traduire les exilés en justice.

Le 19 juillet, le même tribunal de Nador a condamné 33 migrants africains à 11 mois d’emprisonnement chacun pour ” entrée illégale ” au Maroc, ” violence contre la police “, ” attroupement armé ” et ” refus d’obtempérer “. “Entre-temps, le gouvernement a décidé de faire appel de cette décision, qui est très sévère au regard des éléments du dossier et des circonstances des faits.

Pour ces migrants condamnés – principalement des Soudanais – le Maroc est un pays de transit sur la route de l’Europe. En attendant de traverser la frontière espagnole, beaucoup survivent dans les forêts autour de Gourougou, près de la frontière avec Melilla, et dans les forêts autour de Bekoya et Lakhmis Akdim. Les conditions de vie sont désastreuses et des affrontements avec la police ont lieu régulièrement.

Le 18 juin, quelques jours avant la tragédie de Melilla, des violences sans précédent ont éclaté entre les autorités et les occupants de cette zone.

Cinq jours plus tard, la police a mené une vaste enquête dans la région : 14 migrants ont été arrêtés. Ils ont été traduits en justice le 4 août et condamnés à huit mois de prison pour “appartenance à une bande criminelle de migrants illégaux” au Maroc, “outrage à la police dans l’exercice de ses fonctions” et “désobéissance”.

La répression contre les migrants au Maroc est totale : meurtres, tortures, viols ; maintenant, la répression judiciaire. Des années de prison pour ceux qui ont survécu au massacre de Melilla du 24 juin.
Et l’UE vient d’annoncer une augmentation des fonds destinés à son partenaire d’outre-mer. Une violence continue, désormais normalisée.