La Frontière au quotidien

La Frontière au quotidien

24 août 2018 Non Par passamontagna

À la frontière entre Claviere et Montgenevre, c’était une autre nuit de chasse pour le migrant. De jeunes gendarmes racistes et arrogants continuent de jouer a la guerre sur les sentiers de montagne cachés parmi les rochers et tentent de terroriser les passants. Encore une attaque sur un groupe de garçons, d’autres blessures, d’autres points de suture.

C’est pourquoi nous avons choisi avec la fanfare invisible de Paris de bloquer la touristique frontière franco-italienne pendant environ une heure.

Ceci est le dépliant qui a été distribué:

La Frontière au quotidien

All Cops Are Borders

Clavières est un village italien à deux kilomètres de la frontières française. Depuis l’hiver dernier, c’est un lieu de passage pour les exilé.e.s qui veulent entrer en France. Cela fait quelques semaines que les violences à la frontière s’intensifient. Des militaires et des flics*, volent, tabassent, menacent et insultent celles et ceux qu’ils arrêtent sans papiers.

Les cow-boys dans la montagne

La présence policière et militaire sur les chemins de montagne s’intensifie ; pour celles et ceux qui empruntent ces sentiers ce sont des arrestations musclées, majoritairement de nuit, des mises en joue, des « si tu bouges je tire » : autant de pratiques qui provoquent la mise en danger immédiate des personnes concerné.e.s.

Pour procéder à ces interpellations, gendarmes et policiers sont bien équipés : lunettes de vision nocturne, chiens, quads.

Là depuis quelques jours les militaires sont revenus sur les chemins. Ils jouent à faire la guerre, ils s’entrainent ici en attrappant les migrant de passage la nuit. Accompagnés par les policiers de la PAF, qui aiment bien menacer et frapper les gens de passage.

Le 7 mai dernier Blessing Matthews est morte noyée dans la Durance en essayant d échapper a plusieurs policiers en patrouille.

Passages à tabac

Lors des interpellations, la police aux frontières se livre de plus en plus régulièrement à des actes de violence, particulièrement pour forcer les personnes interpellées à donner leurs empreintes digitales. Ci-dessous, un témoignage recueilli le 13 août, suite à l’arrestation d’un jeune de seize ans qui a refuse de donner ses empreintes :

«  Ils ont commencé à me frapper, pour m’obliger à donner mes empreintes. Une fois, puis une deuxième fois, plus fort. Deux personnes sont venues en renfort. Ils s’y sont mis à quatre pour m’attraper, pour me forcer à ouvrir la main, deux de chaque côté. J’ai résisté. Alors, un des quatre policiers m’a saisi à la nuque et m’a jeté à terre dans une pièce. Il a sorti sa matraque et a commencé à me frapper, au front puis au genoux. Je leur ai dit qu’ils pourraient me tuer, que je donnerai pas mes empreintes. Après ils m’ont mis dans une voiture et m’ont jeté sur le trottoir, juste de l’autre coté de la frontière. Je suis resté là, par terre, trente ou quarante minutes. J’avais trop mal pour me lever, jusqu’à ce que des personnes me trouvent et appellent une ambulance. »

Au quotidien les fouilles humilient les personnes de passage avec régulièrement des attouchements, des insultes et un racisme ouvertement exprimé.

Les responsables politiques nous le martèlent : nous vivons dans un État de droit. Ce que nous tenons à faire comprendre ici, c’est ce que cela signifie dans le cas particulier de la frontière : c’est la traque, les ratonnades, les humiliations et les droits bafoués des personnes racisées et sans papiers, de façon systématique. C’est aussi dix ans de prison ferme encourus pour « aide au passage en bande organisée » pour celles et ceux qui luttent contre ce dispositif et ce qu’il représente. C’est encore l’intimidation et la mise en danger délibérée comme seul ordre républicain à la frontière.

Il n’y a ici ni bavures, ni dérives : tous ces faits constituent autant d’exemples de ce qu’est la politique frontalière européenne. Ce sont les pratiques quotidiennes des personnes et des institutions qui invoquent l’État de droit pour mieux justifier la violence nécessaire à leur pouvoir.

Face aux violences policières, étatiques, nous continuerons à passer les frontières, à les combattre, à les.

*Nous ne féminisons pas la police car elle est l’émanation d’un État patriarcal et machiste.