POUR UN APPEL AU DÉBAT ET À LA MOBILISATION NATIONALE CONTRE LES MILLE VISAGES DU RACISME D’ETAT

POUR UN APPEL AU DÉBAT ET À LA MOBILISATION NATIONALE CONTRE LES MILLE VISAGES DU RACISME D’ETAT

16 octobre 2024 Non Par passamontagna

TURIN / 1,2 et 3 novembre 2024

JOURS DU PROGRAMME :

VENDREDI 1ER NOVEMBRE
16 HEURES CORTÈGE DANS LE QUARTIER DE SAN PAOLO CONTRE LA RÉOUVERTURE DU CPR (CRA) DU CORSO BRUNELLESCHI.
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SAMEDI 2 NOVEMBRE
A PARTIR DE 1O ASSEMBLÉE AU CSOA GABRIO, Via Francesco Millio 42 Torino
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DIMANCHE 3 NOVEMBRE
A PARTIR DE 10 HEURES ASSEMBLÉE (matinée seulement)
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Pour les informations et l’hospitalité, écrivez à : antirazzistxpiemonte@autistici.org
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Si le printemps et l’été 2024 ont été marqués par la chaleur des manifestations, des grèves, des émeutes et des évasions – notamment à l’intérieur des prisons dans toutes les régions du pays – on ne peut pas dire que l’autre camp n’affûte pas, au même rythme, sa lame, la pointant sans pitié sur les pauvres, les migrants et les rebelles ainsi que sur tous ceux et celles qui apportent leur solidarité et tentent de s’opposer et de résister. Les instruments législatifs à la disposition des ministères publics sont en fait remplis de projets de loi et de décrets-lois criminogènes qui visent à élargir l’éventail des crimes, à intensifier les peines et à abaisser le seuil de punissabilité.

Le projet de loi 1660, en cours d’approbation, reflète très bien la réalité dans laquelle on veut nous forcer à vivre. En effet, de manière très détaillée et ponctuelle, il touche tous les domaines où les protestations et les luttes les plus incisives ont été menées à travers le pays ces dernières années, des lieux de détention (prisons et CPR) aux mobilisations contre le désastre climatique.

D’un autre côté, il n’est pas nécessaire que l’un des derniers meurtres – dans l’ordre chronologique, et parmi les plus notoires qui se produisent dans la campagne italienne depuis des décennies – de Satnam Singh nous rappelle que la ligne de couleur et l’oppression de classe marquent de manière indélébile le destin au sein de la dynamique de l’exploitation du travail. Ou le meurtre d’Oussama Darkaoui dans le CPR du Palazzo San Gervasio pour rappeler, une fois de plus, comment les prisons administratives remplissent quotidiennement l’une de leurs principales missions : terroriser les sans-papiers européens – rendus clandestins par les lois – afin qu’ils n’osent pas lutter, s’autodéterminer et exister en dehors des schémas de la peur et de la domination.

Pourtant, cet été caniculaire nous a montré que face à l’injustice et à la violence brutales de l’Etat, il n’y a pas que la peur qui domine. Du Nord au Sud, les manifestations ont fait chauffer les centres de détention, pénaux et administratifs, sous toutes les latitudes et à tous les âges. A l’extérieur de ces murs, des sympathisants et des complices ont cherché leurs propres voies pour manifester leur soutien, tisser des liens, faire circuler des informations, se transformer en pièces de communication, encadrant ceux qui ont décidé de parler d’eux-mêmes à travers des émeutes et des protestations.

Nous savons que le capitalisme différentiel – d’autant plus lorsqu’il est en crise économique et dans un paysage guerrier – a de plus en plus besoin d’élargir les mailles quantitatives de l’enfermement, en enrégimentant les méthodes de torture dans le but – pas si implicite – de terroriser à grande échelle et de contenir ceux et celles qui se rebellent. La guerre, la violence, la répression, la surveillance et l’incarcération constituent les instruments nécropolitiques par excellence qui affectent matériellement les corps en provoquant la mort et la souffrance. Ils brisent les liens mais, en même temps, produisent de nouvelles relations sociales, de nouvelles grammaires du pouvoir, les inscrivant dans une économie politique articulée sur la hiérarchisation de l’humain.

La nécropolitique, qui tente d’interpréter les bouleversements mondiaux actuels, n’est cependant pas simplement un processus mais un paradigme. Le conflit guerrier entre l’Ukraine et la Fédération de Russie et le génocide en cours de l’État sioniste contre la population palestinienne sont – dans ce cadre – de puissants exemples du fonctionnement de cette machine.

Sous nos latitudes, les vents de la guerre soufflent dans de multiples directions ; en témoignent, d’une part, les investissements massifs du gouvernement Meloni dans le secteur de la guerre et, d’autre part, la rédaction de décrets de sécurité ad hoc, dans lesquels sont catégorisés de plus en plus de nouveaux ennemis intérieurs, évoquant sans cesse une prétendue menace pour la stabilité du système économique et social.

Plutôt que de se limiter à observer le phénomène de la guerre comme une simple expression des gouvernants du moment ou de besoins géopolitiques contingents, nous préférons lire le présent de la guerre comme une partie intégrante du capitalisme, et dans ce cas du capitalisme néolibéral, un verrou de la peur et de la rhétorique des médias de masse : une base discursive pour l’installation ou l’accélération de certaines modifications du présent. L’intensification d’une rhétorique puissante sur l’ennemi intérieur décrit, non seulement chez ceull.E.x qui luttent ou qui sont dissidents, mais surtout chez ceux qui sont en marge des privilèges de classe et de race, est fondamentale pour les discours qui font l’objet de cet appel. À cet égard, le racisme systémique, l’islamophobie, la clandestinisation forcée des personnes voyageant sans papiers européens, la brutalité aux frontières et les décès dans les prisons et les centres de réanimation font tous partie de l’ensemble complexe d’outils de torture que le pouvoir se donne pour maintenir une vaste population sous contrôle. Il en résulte une architecture linéaire qui, aujourd’hui, exploite sur le lieu de travail, demain capitalisera dans les centres de détention et – peut-être – dans une guerre pas trop lointaine, exercera un chantage pour constituer les rangs d’une éventuelle légion étrangère.

Délimiter la géographie du racisme systémique et systémique devient l’outil analytique fondamental pour se retrouver, entre complices et sympathisants, se reconnaître et identifier les points d’attaque. Suite à l’appel important lancé par le Rete Campagne in Lotta (https://campagneinlotta.org/violenze-e-morte-alle-frontiere-razzismo-quotidiano-segregazione-rispondiamo-a-tutto-questo/) en avril à Rome, nous proposons un suivi de ce moment de confrontation à Turin, pour les 1/2/3 novembre 2024.

Une occasion précieuse pour lancer également une initiative publique contre la réouverture du CPR de Turin, fermé pour la première fois en mars 2023 grâce à trois semaines d’émeutes courageuses, qui ont permis la destruction totale par le feu d’une prison pour sans-papiers européenne active depuis 25 ans.

Il y a environ un an et demi, le CPR du Corso Brunelleschi a été détruit par la colère des détenus, fragilisant matériellement une pièce de la machine à expulser. Depuis ces chaudes journées d’incendie, de nombreuses émeutes, évasions et affrontements contre la police ont caractérisé la vie quotidienne à l’intérieur des lagers d’Etat italiens. La violence exercée par la détention administrative doit être incluse dans un tableau large et complexe qui conduit à considérer la machine à expulser et les CPR comme la partie visible d’un iceberg où se nouent plusieurs couches et substrats de violence et de racisme systémique.

Si, en effet, le racisme est un concept solide – tangible dans sa production de conséquences matérielles – il est urgent de produire un discours intelligible qui explicite la géographie de l’oppression, selon les lignes de couleur et de classe.

L’extrapolation de la lutte contre les CPR, à partir d’un discours uniquement anti-détention, permet d’expliciter le rôle que jouent ces prisons en agissant aussi, et pas seulement, comme un avertissement pour les libres et en renforçant ainsi le chantage du permis de séjour. La lutte contre les prisons administratives prend donc tout son sens aux côtés des migrants, travailleurs et non-travailleurs, qui réclament des papiers, un logement et une protection pour tous. Dans ce panorama, s’attaquer à la forme tangible d’une frontière, c’est être aux côtés de ceux qui sont ballottés, par les dispositifs et les lois européennes, entre l’objet d’échange entre États, la marchandise de profit pour des particuliers, l’instrument de pression médiatique à des fins nationalistes et/ou la main d’œuvre bon marché.

Il nous semble de plus en plus urgent, prioritaire et impérieux de nous réunir et de nous organiser pour analyser la réalité mortifère dans laquelle nous vivons, pour trouver les complicités des uns et des autres et pour tisser les réseaux d’alliances possibles afin de trouver les points d’attaque au système raciste qui rythme la vie quotidienne dans le capitalisme d’aujourd’hui.

Le courage disruptif des détenus du CPR de Turin en février 2023 ne peut rester silencieux, oublié et remodelé par la machine raciste.
À cet égard, nous invitons les compagnons, les complices et les solidaires à se rendre à Turin les premiers jours de novembre pour trois journées de discussion et de mobilisation nationale.

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PROGRAMME DE LA JOURNÉE
VENDREDI 1er novembre
ORE 16 MOBILISATION DANS LE QUARTIER DE SAN PAOLO CONTRE LA RÉUVERTURE DU CPR DU CORSO BRUNELLESCHI
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SAMEDI 2 NOVEMBRE
dalle ore 1o assemblee chez le csoa gabrio, via francesco millio 42 torino
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DIMANCHE 3 NOVEMBRE
DALLE ORE 10 ASSEMBLEE (solo la mattina)
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Pour toute information ou réservation, écrivez à : antirazzistxpiemonte@autistici.org