Une autre caravane défie les frontières

Une autre caravane défie les frontières

25 janvier 2019 Non Par passamontagna

Des milliers de personnes

en route entre Honduras et États-Unis


 
(espagnol en bas)
 

18 JANVIER – ENTRE CIUDAD HIDALGO ET TAPACHULA

 

Une marée de gens marche au long de la route. Des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées. Quelques sacs à dos, un minimum de bagages. En route pour les États-Unis. Ça fait quatre jours que ces gens marchent. Il doit y avoir 2, 3 mille personnes.
Ça fait beaucoup.
Plus de 5 mille d’entre elles sont parties de San Pedro Sula, en Honduras. Des centaines d’autres personnes les ont rejointes au Guatemala et au Salvador. À la frontière entre Honduras et Guatemala, elles ont subi la répression de la police guatémaltèque, qui les a gazées sans pourtant parvenir à les empêcher de franchir la frontière.

Le Mexique a « ouvert » ses portes.
À ce qu’il paraît, pour ne pas se salir les mains, le nouveau président Andrés Manuel López Obrador (AMLO) n’a pas voulu rejouer la même violence qui a vu des milliers de personnes de la caravane précédente se faire bloquer sur le pont de Tècun Uman (sur le fleuve Suchiate) et, après des affrontements avec la police, se jeter dans la rivière pour passer la frontière.

Ce qui a été proposé aux migrants de cette troisième caravane, c’est de s’enregistrer à la douane et d’attendre de recevoir un visa. Les personnes qui ont accepté ont reçu un bracelet d’identification et ont été renvoyées au Guatemala pour y rester cinq jours, en attentant la délivrance d’un visa d’un an ; à l’heure actuelle, ces personnes sont toujours bloquées à la frontière.
Entre deux et trois mille personnes de la même caravane ont plutôt choisi de continuer leur chemin : elles ont refusé de se faire enregistrer et ont rendu ainsi explicite la tentative du gouvernement de les tromper en les bloquant au Guatemala et en leur faisant des promesses jamais tenues dans le passé. En reprenant la route, ces personnes ont opéré une pression pour que la frontière soit ouverte, et l’ont enfin franchie entre la nuit du 17 et le matin du 18 janvier.

L’objectif de ces gens était de se rendre à Tapachula, étape incontournable pour rejoindre le nord. 37 kilomètres à pied. Le 18 janvier au soir, ils sont arrivés à Tapachula et ont occupé sa place principale pour y passer la nuit. Pour la première fois, personne n’a facilité le passage de la caravane.
Contrairement aux autres fois, et malgré la rhétorique humanitaire d’AMLO, aucune organisation, église ou autorité locale n’a soutenu les personnes migrantes. Aucun service médical d’urgence n’a été installé et aucune distribution de nourriture n’a été organisée.

 

19 JANVIER

 

Une bonne partie de la caravane a repris la route le matin du 19 janvier. À 4h, elle a commencé à remonter vers le nord et le soir même elle est arrivée à Huixtla. Ici, les gens ont campé après 40 kilomètres de marche. D’autres personnes sont restées à Tapachula.
Elles attendent.
Elles attendent plus de 3 mille personnes encore coincées au Guatemala. Elles attendent aussi une nouvelle caravane de plus d’un millier de personnes du Honduras. Elles attendent une autre caravane encore qui semble être partie du Guatemala. « On doit se serrer les coudes, et être nombreux, ensemble. » Ainsi, la police et les narcos auront plus de mal à diviser, à isoler les gens. À les tenir sous contrôle. À les déporter ou les kidnapper. La frontière, si tu n’as pas de papiers, c’est partout. C’est le bus que tu prends et la route que tu empruntes. Ce sont les endroits où tu peux ou ne peux pas te rendre. C’est la police.

 

20 JANVIER

 

Un millier de personnes continuent d’occuper la place principale de Tapachula. Elles continuent d’attendre. Une cuisine a été installée tant bien que mal mais les gens sont nombreux et la nourriture jamais suffisante. Il y a beaucoup de familles et beaucoup d’enfants. Entre-temps, la foule de personnes à la frontière mexicaine augmente. Il paraît qu’il y a entre 17 et 20 mille personnes. Certaines traversent la rivière à pied et arrivent à Tapachula. Des milliers d’autres personnes restent bloquées au Guatemala. Entre-temps, la première partie de la caravane (composée de 1000, 1500 personnes) se trouve déjà plus au nord, à Oaxaca.

 

LA CARAVANE

 

La force de la foule. Force de s’organiser ensemble, pour une vie meilleure. Pour franchir la frontière. Pour ne pas désespérer en attendant des papiers qui n’arrivent pas. Il y avait un train entre le Guatemala et le Mexique. La Bête. Un moyen efficace de passer la frontière. Jusqu’à ce qu’il ait été supprimé il y a quelques années. Depuis, les gens traversent la frontière de différentes façons ; il y a beaucoup de chemins « informels ». Mais tout le monde ne peut pas les emprunter. En un sens, la caravane est une méthode innovante. Partir ensemble, en masse. Comme une population migrante. Une population qui fuit la misère, la violence. Qui cherche quelque chose de mieux. Les critiques se multiplient à l’égard du président hondurien Juan Orlando Alvarado et de sa politique d’exploitation et d’oppression. « I n’y a pas d’avenir possible au Honduras » répètent les gens, du garçon de 15 ans qui voyage tout seul jusqu’au couple avec des enfants dans les bras.

La frontière n’est qu’une ligne à franchir. Mais le faire individuellement est difficile. Il y a beaucoup de contrôles, non seulement le long des chemins « légaux » mais aussi vers le nord, où les militaires et la police contrôlent les bus, les voitures et les combis à la recherche de migrants « «irréguliers ». La caravane est faite pour ça. Elle témoigne d’une opposition, si on veut. Au gouvernement hondurien et à sa gestion économique. Aux frontières et à leur dispositif de contrôle et de sélection. Elle témoigne d’une lutte, la lutte migratoire, qui semble passer, de plus en plus souvent, de l’ « individuel » au collectif. Parce qu’ensemble on est plus fort·es. La caravane est auto-organisée. « Il n’y a pas de leaders ici, personne ne prime sur personne. Tout se décide collectivement, nous sommes tous des leaders ». Les décisions sont prises par l’assemblée. Il n’y a aucune structure derrière elle.

« Nous nous sommes rassemblés car ensemble nous sommes plus forts. Nous ne voulons qu’une vie plus digne. Il n’y a pas d’avenir dans nos pays. C’est ce qu’on poursuit avec cette caravane » disent les gens. « Que les gouvernants de nos pays le comprennent ! » semblent-ils ajouter. Les gens fuient parce que la politique et l’économie abusent de leur pouvoir et privent la population de tout ce qui lui appartient. Une population qui souffre, qui meurt de faim et de violence.

 

LA GESTION DES FRONTIÈRES

 

Entre-temps, le Honduras a renforcé les contrôles afin de limiter le flux de personnes qui quittent le pays. Les gens qui veulent quitter le Honduras doivent montrer à la police leur passeport et, s’ils sont mineurs, une autorisation signée par les deux parents. Cette mesure va à l’encontre de ceux et celles qui fuient la violence familiale (lorsqu’on n’a pas ces papiers on risque jusqu’à trois ans de prison). Si une femme s’enfuit avec ses enfants, par exemple, cela est considéré « illégal ». Il paraît que des centaines de personnes ont été arrêtées pour ces raisons à la frontière d’Agua Caliente, entre le Honduras et le Guatemala, et parmi celles-ci beaucoup de mineurs. Ces derniers ont été ramenés en bus à San Pedro Sula, point de départ de la caravane. En outre, les contrôles sur les bus ont été renforcés pour empêcher les mineurs de partir.

L’État mexicain exige les données biométriques, les empreintes et des photos d’identité judiciaire de toutes les personnes qui veulent accéder au pays. Mais plus de 2000 personnes parties avec la caravane, n’ayant pas accepté les dispositions du gouvernement, n’ont pas été enregistrées. Il est clair que leur lutte est loin d’être achevée, et qu’il reste encore un long chemin à parcourir avant d’accéder aux États-Unis. Aussi parce que le risque d’arrestations et de déportations est élevé, et ce d’autant plus si la caravane se désagrège. Des centaines de personnes des deux premières caravanes sont encore coincées à la frontière américaine. Jusqu’à présent, il y a eu plusieurs centaines de rapatriements forcés.


 
 

Otra caravana de migrantes desafia las fronteras

 

Miles de personas

viaja desde Honduras hacia Estados Unidos


 

18 DE ENERO – EN LA CALLE LA RUTA ENTRE CIUDAD HIDALGO Y TAPACHULA

 

Mucha gente camina al lado del camino. Hombres, mujeres, ninos, viejos. Algunas mochilas, pocas maletas.
Direccion: Estados Unidos. Llevan ya 4 dias de viaje. Mas o menos  2-3 mil personas.
Salieron todos juntos, mas de 5mil personas de San Pedro Sula,  en Honduras. Otros  centenares que  llegaban  desde Guatemala y Salvador se juntaron a la caravana.
En la frontera entre Honduras y Guatemala, antes de alcanzar a cruzar la frontera, han sido reprimidos con gas lacrimógenos lanzados por la policía guatemalteca.

El estado mexicano ha « abierto » las puertas. El nuevo presidente electo, Andrés Manuel López Obrador, AMLO, no ha querido  ensuciarse la cara y las manos repitiendo las violentas imágenes de la  caravana anterior, cuando miles de personas fueron bloqueadas en el puente de Tècun Uman, sobre el rio Suchiate, y tras  violentos enfrentamientos con la policía se tiraron en el rio para poder pasar.

La propuesta hecha a los migrantes que hacen parte de esta tercera CARAVANA fue de registrarse a la oficina de migracion y esperar a tener la visa. Las personas que aceptaron han conseguido un brazalete de identificacion y volvieron a Guatemala por 5 dias, esperando un visado prometido de un ano y hasta ahora estan todavia bloqueadas en la frontera. De 2 a 3 mil personas decidieron seguir caminando, rechazando la propuesta del gobierno  y la registración, denunciando así el intento del gobierno de enganarlos, bloqueando la caravana en tierra guatemalteca, en espera de promesas que hasta ahora el gobierno nunca ha respectado.
La caravana ha hecho presión hasta que le abrieron la frontera y pudieron cruzar entre el 17 noche y el 18 manana.

 Direction: Tapachula etapa obligada antes de seguir el viaje hacia el norte. 37 km caminando a pie.
Han llegado en la ciudad durante la noche, y han ocupado la plaza principal de Tapachula para dormir.
Es la primera vez que la caravana no recibe ayudas de nadie. A diferencia de las otras caravanas, y a pesar de la retorica humanitaria de AMLO, ninguna organizacion – ni iglesias, ni autoridad local – han apoyado el viaje de los migrantes. Ninguna asistencia medica ni distribucion de comida ha sido organizada.

 

19 DE ENERO

 

Buena parte de la caravana se ha puesto en marcha esta manana. A las 4 de la noche ha tomado nuevamente el camino por el norte. Han llegado a Huixtla por la tarde, donde acamparon. Caminaron unos 40 km.
Otra parte de la caravana se quedó en Tapachula. Esperando.
Estan esperando a mas de mil personas que estan partiendo con una nueva CARAVANA desde Honduras. Estan esperando a una nueva CARAVANA que parece estar partiendo desde Guatemala. « Tenemos que permanecer, quedarnos todos juntos y ser muchos ». Si no la policia y los narcos tendrán juego mas facil para separar y aislar. Controlar. Quizas deportar o secuestrar. Cuando no hay papeles, la frontera está en todas partes.
Es el bus en el que subes, es la calle en la cual marchas. Son los lugares donde no puedes ir. Es la policia.

 

20 DE ENERO

 

Mil personas siguen ocupando la Plaza de Tapachula. Siguen esperando. Han improvisado una cantina – o cocina de campana-, pero la gente es mucha y la comida poca. Son muchas las familias y los ninos mientras la masa de gente en la frontera mexicana crece.
Parece que sean entre 5 y 8 mil personas. Algunos de ellos cruzan el rio a pie y llegan a Tapachula. Miles se quedaron bloqueados en Guatemala.
Manana se acaban los 5 dias de espera que el gobierno mexicano habia dicho, en su oferta, necesarios para la obtencion de la visa de un ano. Veremos manana si respetaran la palabra dada, la promesa hecha. Consiguente sera la accion de los migrantes que confiaron en ella y se registraron. Mientras, la primera parte de la caravana-entre mil y 1500 personas- ya esta mas a norte, en Oaxaca.

 

LA CARAVANA

 

La fuerza de la multitud. Organizarse todos juntos, para una vida mejor. Para no disperarse en espera de los documentos. Antes habia un tren entre Guatemala y México, La Bestia, una buena manera de pasar. Ha sido abolido hace algunos anos. Desde ese momento la gente pasa de diferentes maneras. Los pasajes informales son muchos. Pero no todos alcanzan a pasar. La caravana es una manera casi nueva. Partir todos juntos, en masa. Es como una poblacion que emigra, un pueblo que huye de la pobreza, de la violencia. Que busca algo de mejor. Sin fin son los discursos contra Orlando Alvarado, presidente hondureno, contra su politica de explotacion y represion. « No hay futuro en Honduras » repite mucha gente: desde el nino de 15 anos que viaja solo hasta la familia con ninos entre los brazos.

La frontera es solamente una linea que cruzar, hasta ahora. Pero de forma individual es mas dificil. Los controladores son muchos, no solamente en los pasajes legales, tambien en la ruta para ir hacia el norte, donde los militares y la policia controlan los bus, los coches, las combi, buscando migrantes irregulares. La caravana esta hecha por eso. Es tambien una forma de protesta si queremos. Contra el gobierno de Honduras y de su gestion economica. Contra las fronteras y su dispositivo de control y seleccion. Una lucha, la de los migrantes, que parece siempre mas solvente pasar desde el individual al colectivo. Porque juntos somos mas fuertes.
La caravana es auto-organizada. « Aquì no hay jefes, no hay nadie que manda. Decidimos todos juntos, todos somos los lideres » dicen. Las decisiones son tomadas en asamblea. No hay ninguna estructura detras.

« Estamos juntos porque juntos somos mas fuertes. Queremos solamente una vida mas digna. En  nuestros paises no hay futuro. Esto es lo que estamos buscando con esta caravana » (…) « y que la politica de nuestros paises lo entienda » parece anadir. La gente huye porque la política y la economía abusan de sus poderes para quitar todo al pueblo, que sufre y muere de hambre y violencia.

 

LA GESTION DE LA FRONTERA

 

Mientras, en Honduras han aumentado los controles para limitar el flujo de gente que deja el pais. Ahora para salir de Honduras la policia pide el pasaporte y, si son menores, el permiso de ambos padres. Una regla que va contra los que huyen de la violencia familiar, porque los que no presentan esos documentos arriesgan pensa de carcel de hasta 3 anos. Si una mujer huye con los hijos, por ejemplo, resulta « ilegal ». De hecho, parece que centenas de personas han sido paradas por eso en la Frontera de Agua Caliente, entre Honduras y Guatemala. Muchos de ellos eran menores de edad.
Han sido devueltos en bus a San Pedro Sula, lugar de partida de la caravana. Ademas han aumentado los controles de los bus para impedir a los menores de partir.

El estado mexicano exige los datos biometricos, las huellas dactilares y las fotos policiales a todos los que quieren acceder al país.
Pero, por lo menos 2000 de las personas que hacen parte de la caravana no han aceptado las disposiciones del gobierno, y no se han registrado.
Es evidente que la lucha no se acabo, y que la ruta para llegar a los Estados Unidos es larga todavia. Tambien porque el riesgo de deportacion es fuerte. Sobre todo si la caravana se separerà. Son centenas las personas que hacian parte de las primeras dos caravana y que todavia se encuentran bloqueadas a la frontera de Estados Unidos. Hasta ahora, por lo menos algunas centenas de personas han sido deportadas forzosamente.