SUR LE CARNAVAL CONTRE LES FRONTIÈRES À CLAVIERE

Le samedi 2 mars a eu lieu une journée de mobilisation à la frontière du Montgenevre, dans la haute vallée de Suse. Une journée en solidarité avec les inculpé.e.s du procès du cortège du Brenner 2016 ; une journée visant à perturber le dispositif frontalier de Claviere et Montgenèvre, qui depuis des années réprime, bloque et tue les dizaines de sans-papiers contraints de traverser chaque jour les sentiers de montagne pour échapper aux contrôles de police.
Nous avons choisi de briser la fausse tranquillité de ce territoire aux mains de la touristification, où l’invisibilisation de la frontière et de sa violence est à la base du package vendu aux touristes, pour souligner aux personnes présentes que ce territoire est une frontière qui sépare, sélectionne et tue, et pour rappeler aux municipalités et aux entreprises qui spéculent sur les montagnes en vendant de fausses images de cartes postales que la réalité est autre et que nous ne nous lasserons pas de nous y opposer.
En solidarité avec le peuple palestinien en lutte, contre le génocide perpétré par Israël à Gaza, au cœur des compagnons jugés le 5 mars, on s’est rassemblés sur la place de Claviere et puis on s’est mis en route vers la frontière, sur le terrain où l’été les touristes jouent dans le camp de golf dit “transfrontalier” et l’hiver ils skient sur les pistes “sans frontières”, ces mêmes pistes où les éxilé.e.s sont bloqué.e.s et refoulé.e.s quotidiennement par la police française.
C’est en cortège, au milieu de skieurs et de touristes ahuris, que nous sommes arrivés aux portes de Montgenèvre ; les gendarmes français – comme d’habitude en grand nombre – alignés pour défendre les installations de ski n’étaient pas très enthousiastes à l’idée de nous laisser entrer dans le village. Mais au carnaval “ogni scherzo vale” (toutes les blagues comptent), et entre interventions, boules de neige sur nos uniformes, et tags, nous sommes repartis vers Claviere, occupant la route, bloquant pour quelques dizaines de minutes cette frontière, habituellement inexistante pour les marchandises et les touristes.

Nous reprenons les mots des accusées de ce cortège de 2016, une mobilisation contre l’annonce autrichienne de la construction d’une barrière anti-immigré.e.s à la frontière avec l’Italie – barrière qui n’a pas été construite – dans un contexte de forte augmentation de la répression à l’égard de l’immigration non désirée.
“Alors que les massacres d’immigrants en mer se poursuivent, que les clôtures de détention administrative s’élargissent et que la terreur policière augmente à l’égard de ceux qui n’ont pas les bons documents en poche ; alors que les travailleurs de la logistique et de la campagne s’organisent et résistent contre le racisme d’État et l’exploitation patronale ; Alors que le réarmement et les plans de guerre s’intensifient, déracinant des millions d’humains de leur monde et frappant ceux qui ne s’alignent pas ; alors que le contrôle technologique sépare de plus en plus les inclus des exclus, les raisons pour lesquelles nous nous sommes rendus au col du Brenner le 7 mai n’ont fait que se multiplier.
Aujourd’hui, avec la guerre en Ukraine et le massacre en cours en Palestine, le lien entre la guerre et les frontières est plus évident que jamais, et malheureusement la signification de cette journée de lutte est toujours plus actuelle”.

Ils veulent enfermer celleux qui se rebellent et tentent de gripper les rouages de ce système de plus en plus répressif avec 130 ans de prison ; ils veulent briser la solidarité et punir celleux qui continuent à parler de sabotage de la guerre et des frontières ; ils veulent détruire toutes les formes de dissidence qui ne sont pas fonctionnelles à leur soi-disant “démocratie”.
À leurs tentatives de répression, on répond que personne ne peut emprisonner notre passion pour la liberté et la véritable justice sociale. A leurs tentatives, nous répondons en relançant la lutte !

Depuis la frontière du Montgenèvre, solidarité avec celleux qui traversent les frontières, complicité avec celleux qui les attaquent
Du Brenner à la Claviere en passant par la Palestine, contre toutes les frontières